Interventions en faveur des migrants pendant les séjours à long terme dans un pays de destination

Aux fins de ce rapport, cette étape couvre les migrants qui vivent dans un pays dans l’intention d’y rester indéfiniment, d’y rester pour un certain temps avant peut-être de migrer ailleurs ou d’y rester jusqu’à ce qu’ils rentrent dans leur pays d’origine.
Cette section passe en revue les besoins des migrants durant la phase d’intégration dans le pays de destination et présente 25 bonnes pratiques qui répondent à certains de ces besoins.

Messages clés de la section

BESOINS DES MIGRANTS

  • Lorsqu’un migrant arrive dans un pays où il a l’intention de vivre pendant un certain temps (indéfiniment, jusqu’à ce qu’il migre dans un autre pays, ou jusqu’à ce qu’il dans son pays), différents besoins se font sentir. Le migrant s’emploiera à subvenir à ses propres besoins, mais cela peut lui poser des difficultés pour plusieurs raisons, comme la qualification juridique de son séjour, son accès aux droits, etc. Par conséquent, à cette étape, la plupart des migrants ont besoin de solutions qui leur permettent de devenir autosuffisants.

PRATIQUES INTELLIGENTES

  • De très nombreuses pratiques ont été recensées pour la plupart des dimensions de la résilience.
  • Les pratiques intelligentes recensées pour cette étape partagent quelques caractéristiques : elles fournissent des solutions à long terme ; elles sont stables et constantes ; elles associent généralement les migrants à la recherche des solutions ; elles sont ciblées ; et elles sont mises en œuvre en partenariat avec des acteurs qui se trouvent pour la plupart dans le pays.

Les acteurs rencontrent quelques difficultés pour répondre aux besoins des migrants, notamment : les services peuvent faire office de facteur d’attraction dans un pays ; la barrière de la langue peut entraver la fourniture des services ; les communautés d’accueil vulnérables peuvent avoir l’impression de recevoir moins de soutien que les migrants ; il est difficile de mobiliser et de fidéliser des employés et des volontaires. Parmi les enseignements tirés, il faut citer la nécessité de pouvoir compter sur des plans clairs permettant un passage à l’échelle rapide, l’importance d’associer les communautés d’accueil aux services et l’utilité de diffuser le plus largement possible les annonces visant à recruter des volontaires

Pour rester résilients, les migrants ont besoin de sécurité réglementaire, de revenus, de soins de santé et de capital social.

 

Lorsqu’un migrant arrive dans un pays où il a l’intention de vivre pendant un certain temps (indéfiniment, jusqu’à ce qu’il migre dans un autre pays, ou jusqu’à ce qu’il dans son pays), différents besoins se font sentir. Le migrant s’emploiera à subvenir à ses propres besoins, mais cela peut lui poser des difficultés pour plusieurs raisons, comme la qualification juridique de son séjour, son accès aux droits, etc. Par conséquent, à cette étape, la plupart des migrants ont besoin de solutions qui leur permettent de devenir autosuffisants.

Réglementation/gouvernance : Pendant son séjour, le migrant doit pouvoir rester dans le pays aussi longtemps qu’il le souhaite ou que convenu. De même, il doit pouvoir le quitter en toute sécurité lorsqu’il le souhaite. Il doit aussi accéder au logement, à la nourriture, aux soins de santé, à l’éducation et à des possibilités d’emploi.

Capital financier : À cette étape, l’accès à un emploi sûr ou à des possibilités de création de revenus est particulièrement important. L’accès à des possibilités d’emploi sûres permettra à la personne de devenir autosuffisante et de recouvrer la dignité qu’elle peut avoir le sentiment d’avoir perdue pendant son parcours. L’une des personnes interrogées a clairement exprimé ce besoin : « J’ai fait des études et j’avais un emploi. Je n’ai pas besoin qu’on me fasse la charité, d’autres ont sûrement beaucoup plus besoin d’aide que moi. Ce dont j’ai besoin, c’est d’un emploi pour pouvoir subvenir à mes besoins et à ceux de mes enfants. » La barrière de la langue, le manque de certificats adéquats ou l’absence de permis de travail peuvent poser problème au migrant pour trouver un emploi convenable. En outre, même s’il trouve du travail, le migrant peut être victime d’un traitement injuste comme une discrimination à l’embauche, un salaire moins élevé, des horaires plus longs, des châtiments corporels, etc.

Capital physique : Alors qu’il s’installe dans ce nouveau pays, le migrant s’emploiera souvent lui-même à trouver un logement et à s’approvisionner en nourriture. Même s’il est en mesure de subvenir à ses besoins physiques, il pourrait encore avoir besoin d’un soutien juridique ou des services d’un interprète pour jouir pleinement de ses droits (par exemple pour éviter qu’un propriétaire lui fasse payer un loyer abusif ou pour qu’il puisse expliquer ses besoins médicaux à un médecin). Il faut relever que, même quand un migrant a trouvé un emploi ou a accès à des revenus, son salaire est souvent inférieur à la moyenne. Par conséquent, son accès au logement, à la nourriture et aux soins de santé, etc. peut être limité. Par exemple, un travailleur domestique peut devoir vivre chez son employeur, où il peut avoir très peu d’intimité. D’autres migrants peuvent devoir louer une chambre à partager avec une grande famille (s’ils dépendent des revenus d’une seule personne, par exemple).

Lorsque le migrant (ou les membres de sa famille) n’arrive pas à trouver du travail ou que son salaire est insuffisant, il dépend d’une assistance pour se loger, se nourrir, etc.

Beaucoup de migrants trouvent une solution pour se loger, mais l’accès aux soins de santé (physique et mentale) peut être plus complexe, en particulier si leur situation irrégulière les empêche d’accéder aux services publics gratuits ou s’ils doivent payer pour ces services.

Dès lors que les besoins physiques sont couverts, le besoin en soutien psychosocial gagne en importance. Le migrant sera prêt à commencer à surmonter les situations traumatisantes qu’il a fuies ainsi que les traumatismes vécus pendant le parcours. Il aura peut-être aussi eu le temps de bâtir une relation de confiance avec l’assistant psychosocial, ce qui facilitera le processus de soutien.

Capital humain : Les enfants, les jeunes et certains adultes ont besoin d’accéder à l’éducation primaire, à l’éducation secondaire, à l’éducation supérieure et à la formation professionnelle, ce qui peut poser des difficultés s’ils sont en situation irrégulière ou s’ils doivent payer pour cette éducation. La langue peut aussi constituer un obstacle qui peut causer un retard dans l’éducation des enfants.

Les migrants dans leur ensemble auront besoin de pouvoir accéder à des informations actualisées sur leurs droits et sur les modifications de législation les concernant, ainsi qu’à des informations pratiques sur la façon de pouvoir jouir de ces droits. La langue peut ici aussi constituer un obstacle et empêcher le migrant d’accéder aux informations nécessaires par les moyens habituellement accessibles aux citoyens (bulletins d’information, radio, etc.)1.

Capital social : À ce stade, la personne peut s’employer pleinement à rétablir les liens familiaux rompus et à réunir les membres de sa famille. Elle a aussi besoin de sentir qu’elle appartient à sa nouvelle communauté. La langue et les différentes normes culturelles peuvent toutefois constituer un obstacle à une pleine intégration. Tout en s’intégrant au sein de la nouvelle société, la personne doit aussi garder un sentiment d’appartenance à son pays d’origine, en particulier si elle prévoit d’y retourner. Par exemple, ses enfants devront en connaître la langue, les normes culturelles, etc. s’ils doivent un jour retourner dans ce pays. L’accès aux services religieux peut aussi être important pour de nombreux migrants. Les réseaux et les associations de migrants sont aussi d’importants espaces sociaux. Par l’intermédiaire de ces associations, les migrants peuvent se sentir à nouveau valorisés et ils peuvent mettre à profit leur capital existant pour aider d’autres migrants.

Capital naturel : Les besoins sur le plan du capital naturel sont à nouveau plus importants, le migrant prévoyant de passer un certain temps dans le pays de destination. En effet, le migrant peut avoir besoin de terres et d’eau de bonne qualité pour cultiver de la nourriture et peut dépendre des forêts ou des lacs pour pouvoir pêcher et s’approvisionner en eau, etc. (À noter cependant que, dans le cadre de la présente étude, aucune initiative touchant à la question du capital naturel dans les communautés d’accueil dans la perspective d’aider les migrants n’a été recensée.)

 

Le tableau ci-dessous résume les besoins en soutien externe que les migrants peuvent avoir en commun. Un soutien sera probablement nécessaire dans tous les domaines, mais une couleur plus foncée indique un besoin de soutien externe généralement plus important.

Exemples de besoins sur le plan de la réglementation/gouvernance

MIGRANTS SYRIENS, TURQUIE

Dans certaines situations, des migrants ont systématiquement accès à plusieurs services essentiels. En Turquie, tous les migrants syriens peuvent accéder gratuitement à l’éducation et aux soins de santé.

MIGRANTS MONGOLS, SUÈDE

Les migrants en situation irrégulière craignent souvent de se faire arrêter. Des migrants mongols en situation irrégulière ont expliqué vivre constamment dans la peur à cause du risque d’expulsion. La crainte d’être expulsé est plus difficile à vivre pour certains que pour d’autres. L’un des migrants interrogés a par exemple déclaré « qu’il n’était pas heureux, parce qu’il n’avait pas de papiers », tandis qu’une autre migrante a confirmé « être parfaitement satisfaite » bien qu’elle n’ait pas de papiers.

MIGRANTS ÉCONOMIQUES, QATAR

Dans certaines situations, un cadre juridique existe pour protéger les migrants, mais il n’est pas respecté par les employeurs. Une personne a expliqué qu’au Qatar, la législation interdit aux employeurs de saisir le passeport des migrants. La pratique semble toutefois être courante. En vertu du décret ministériel n° 16/2007, il est interdit, en été, de travailler à l’extérieur entre 11 h 30 et 15 h 00. Un travailleur ne devrait pas non plus travailler plus de cinq heures le matin. Pourtant, ces pratiques sont malheureusement courantes. La situation de dépendance du travailleur à l’égard de l’employeur peut conduire à des abus, tels que la restriction des contacts du migrant avec le monde extérieur et des violences sexuelles ou physiques, etc.

MIGRANTS ÉTHIOPIENS ET ÉRYTHRÉENS, KENYA

Les migrants en situation irrégulière craignent souvent de se faire arrêter. Des migrants éthiopiens et érythréens ont expliqué que, du fait de leur situation irrégulière, la plupart d’entre eux changeaient de quartier chaque semaine pour éviter de se faire prendre.

MIGRANTS CONGOLAIS, KENYA

Les migrants en situation irrégulière craignent souvent de se faire arrêter. Des migrants congolais ont expliqué que, du fait de leur situation irrégulière, ils avaient très peur de se faire arrêter par la police.

Exemples de besoins sur les plans de la réglementation/gouvernance, du capital humain et du capital financier

MIGRANTE SYRIENNE, TURQUIE

Des ressources financières limitées forcent les migrants à vivre dans de terribles conditions. Une Syrienne arrivée avec neuf membres de sa famille a dit avoir eu de la chance. Un voisin turc avait offert à la famille de loger gratuitement dans son appartement vide. Elle ne devait payer que l’eau et l’électricité. Toutefois, un précédent locataire avait laissé une facture d’eau impayée de plusieurs centaines de dollars, et la famille ne pouvait s’en acquitter, car elle vivait sur le salaire très modeste d’une seule personne. Il n’y avait donc pas d’eau dans l’appartement et la migrante marchait chaque jour plusieurs kilomètres pour apporter de l’eau à sa famille.

MIGRANTS DU MYANMAR, THAÏLANDE

Pour beaucoup de migrants, régulariser leur statut est une priorité. Plusieurs migrants du Myanmar ont déclaré qu’obtenir une carte d’identité était l’une de leurs priorités. Une migrante a expliqué qu’elle voulait que ses deux enfants aient une carte d’identité pour qu’ils ne rencontrent pas de difficultés et puissent « avoir accès à une meilleure éducation et à de bonnes possibilités d’emploi, ainsi qu’au système de sécurité sociale de base de Thaïlande ».

MIGRANTS SOMALIENS, KENYA

Les migrantes sont plus exposées au harcèlement et aux violences sexuelles. Une femme somalienne célibataire a expliqué être victime de harcèlement généralisé, notamment de la part des hommes de sa communauté. Un Somalien, propriétaire d’un magasin, a confirmé être souvent témoin d’agressions sexuelles sur des femmes de la communauté.

MIGRANTS MONGOLS, SUÈDE

Du fait de leur situation irrégulière, des migrants peuvent être contraints d’accepter des emplois sous-payés et être victimes d’abus. En Suède, des migrants mongols ont expliqué que leurs employeurs profitaient souvent de leur situation irrégulière pour leur proposer des salaires inférieurs au marché. Se plaindre à son employeur ne servait à rien, car celui-ci leur répondait qu’ils pouvaient s’en aller « parce que personne ne se préoccupait d’eux et qu’il n’avait qu’à passer un coup de fil pour qu’ils soient expulsés ». S’ils se plaignaient trop, ils étaient renvoyés. Les contrats étant uniquement oraux, il arrivait souvent que les employeurs ne les paient même pas.

Exemples de besoins sur les plans de la réglementation/gouvernance, du capital humain et du capital financier

MIGRANTS MINEURS, AMÉRIQUE CENTRALE

Les migrants en situation irrégulière sont plus dépendants de la bonne volonté de leur employeur et plus exposés aux abus. Une étude réalisée par l’UNICEF, l’OIT et l’OIM sur les enfants migrants en Amérique centrale a montré que, bien souvent, les travailleurs migrants mineurs n’étaient pas protégés par un contrat, car le travail était couvert par un contrat destiné aux adultes, ce qui décharge l’employeur de toute responsabilité. Dans d’autres cas, ils n’avaient pas de contrat du tout, même s’ils travaillaient directement auprès de l’employeur et étaient à sa disposition.

MIGRANT CONGOLAIS, KENYA

Du fait de leur situation irrégulière, des migrants peuvent être contraints d’accepter des emplois sous-payés et être victimes d’abus. Un jeune congolais (19 ans) a expliqué qu’il était arrivé en 2012 avec sa mère et ses frères et sœurs, sans rien. Une femme issue de la même tribu congolaise avait joué les « bons samaritains », les avait accueillis chez elle et leur avait donné un peu d’argent. Un jour, sa mère a disparu après avoir dit « qu’elle en avait marre de vivre ». Le jeune a donc dû commencer à travailler pour aider leur hôtesse et subvenir à ses besoins et à ceux de ses trois frères et sœurs. Il lavait des voitures et transportait des marchandises pour 50 shillings kenyans (50 cents É.U.) par jour.

MIGRANTS SYRIENS TURQUIE

Faute de connaître la langue ou de disposer de certificats reconnus, les migrants ont dû mal à trouver du travail. En Turquie, des migrants syriens ont expliqué que la plupart des migrants trouvaient difficilement des emplois stables et dépendaient d’emplois temporaires, de leurs économies ou de l’argent prêté par des amis. De plus, plusieurs migrants ont déclaré qu’on leur proposait souvent des salaires nettement inférieurs à ceux des travailleurs locaux et qu’ils devaient effectuer plus d’heures. Les trois témoignages ci-dessous illustrent cette réalité.

  • Une Syrienne qui était enseignante dans son pays a expliqué que, extrêmement motivée, elle avait envoyé sa candidature pour de nombreux postes, mais n’avait pas trouvé de travail. Elle ne parlait pas le turc et ne disposait pas du certificat national nécessaire pour pouvoir enseigner dans les écoles turques. Elle étudiait le turc pour pouvoir passer l’examen national, dans l’espoir de trouver un emploi dans le futur.
  • Un Syrien âgé de 50 ans a fait part de sa frustration. Il avait essayé de trouver du travail pour subvenir aux besoins de sa famille, mais n’avait pas été engagé, car on le trouvait trop vieux. Son fils de 15 ans avait trouvé un emploi et était le seul à faire vivre la famille. L’homme aurait souhaité que les choses soient différentes pour que son fils puisse finir l’école plutôt que de devoir travailler pour nourrir sa famille.
  • Un Syrien a expliqué qu’il vivait en Turquie avec sa famille depuis plus d’un an et n’avait toujours pas trouvé de travail. Au départ, il avait pu compter sur les quelques économies qu’il avait apportées, mais il dépendait maintenant de l’aide du gouvernement, de ses voisins turcs ou de prêts de membres de sa famille ou d’amis. Il ne savait pas pourquoi on ne lui proposait pas de travail.

 

 

Source : Entretiens menés par Dalberg avec des migrants dans le cadre de tables rondes lors de visites sur le terrain ; « Niños, Niñas Y Adolescentes Migrantes América Central Y México », HCR, OIM, UNICEF et OIT, 2013.

Exemples de besoins sur les plans du capital physique et du capital social

MIGRANTS DU MYANMAR, THAÏLANDE

Des ressources financières limitées forcent les migrants à vivre dans de terribles conditions. La plupart des migrants originaires du Myanmar ont expliqué qu’ils vivaient dans des camps pour travailleurs de la construction ou qu’ils louaient une chambre qu’ils partageaient avec d’autres migrants ou avec des Thaïlandais démunis. « C’est bon marché, mais dans un état déplorable », a déclaré l’un des migrants.

MIGRANTS CONGOLAIS, KENYA

En raison des traumatismes vécus pendant le parcours, les migrants peuvent avoir besoin d’un soutien psychosocial. Des migrants congolais ont expliqué que tant les enfants que les adultes avaient besoin d’un soutien psychologique pour surmonter leurs traumatismes. « Il est difficile pour les enfants de voir leurs parents lutter pour s’en sortir ». De plus, les migrants ont déclaré que de nombreuses femmes souffraient de stress post-traumatique à la suite d’agressions sexuelles.

Du fait de leur situation irrégulière, certains migrants ne peuvent pas accéder aux services de santé. Cette situation est particulièrement problématique pour les femmes enceintes, qui n’ont accès à aucune aide médicale lors de l’accouchement.

MIGRANTE SYRIENNE, TURQUIE

La migration sépare souvent les membres d’une famille, qui peuvent passer des années sans se revoir. Une Syrienne actuellement installée à Ankara, en Turquie, a expliqué que son fils de dix ans était en Europe avec l’un de ses oncles. Elle l’avait envoyé là-bas en espérant qu’il y mènerait une vie meilleure. Elle souhaitait désormais être réunie avec lui, mais n’avait pas été autorisée à le rejoindre.

Exemples de besoins sur les plans du capital humain et du capital financier

MIGRANTS ÉTHIOPIENS ET ÉRYTHRÉENS, KENYA

Certains migrants ont dit qu’il leur serait utile de pouvoir obtenir à un seul endroit toutes les informations sur les services qui sont à leur disposition. Des migrants éthiopiens et érythréens ont déclaré qu’ils ne connaissaient aucun endroit où ils pourraient s’adresser pour être informés des lieux où obtenir différents types de soutien, mais qu’un tel service leur serait utile.

MIGRANTS CONGOLAIS, KENYA

Le manque de ressources financières peut rendre les migrants incapables de payer pour l’éducation. Des migrants congolais ont expliqué que, par le passé, ils avaient accès à l’éducation grâce à une ONG. Malheureusement, cette ONG n’avait plus les fonds nécessaires pour fournir des services éducatifs. Une autre organisation proposait des cours, mais, pour atteindre le plus de personnes possible, avait constitué des classes de 100 élèves. Dans ces classes bondées, il était impossible d’entendre les enseignants. Un jeune homme (19 ans) a expliqué qu’il s’était inscrit en cinquième année pour un an lorsqu’il était arrivé en 2012, mais qu’ensuite c’était devenu trop cher pour lui.

MIGRANTS SYRIENS, TURQUIE

Même lorsque des services sont fournis, les systèmes existants peuvent ne pas suffire pour couvrir tous les besoins. La Turquie fournit des leçons gratuites aux enfants en âge de scolarité dans les camps et en ville. Ces leçons suivent le programme syrien et sont dispensées l’après-midi par des enseignants syriens, dans les écoles turques. Les écoles n’ont cependant pas une capacité suffisante pour accueillir tous les enfants syriens présents en Turquie (800 000). De nombreuses mères s’inquiètent pour l’éducation de leurs enfants.

La barrière de la langue peut empêcher certains migrants de poursuivre leur éducation dans un nouvel endroit. Plusieurs jeunes syriennes vivant en Turquie ont expliqué qu’elles étudiaient à l’université en Syrie lorsqu’elles avaient dû fuir le conflit. Elles avaient dû interrompre leurs études pour quelques années, car elles ne parlaient pas le turc et ne pouvaient donc pas les reprendre dans une université turque. N’ayant pas les ressources financières suffisantes pour avoir Internet à domicile, elles n’avaient actuellement pas la possibilité de suivre des cours à distance. Elles étudiaient le turc espérant pouvoir un jour reprendre leurs études.

De nombreuses pratiques intelligentes ont été recensées pour la plupart des dimensions de la résilience

Il s’agit d’un document évolutif ; la Fédération internationale continuera de recenser et de diffuser les pratiques intelligentes à mesure que les Sociétés nationales et leurs partenaires mettront à l’essai, exécuteront et passeront à l’échelle de nouvelles initiatives.

Caractéristiques communes des pratiques intelligentes

Les pratiques intelligentes recensées pour cette étape partagent quelques caractéristiques : elles fournissent des solutions à long terme, dans l’idée que les migrants pourraient rester de nombreuses années ; elles sont stables et constantes, bien que plusieurs soient aussi flexibles et dynamiques ; elles associent généralement les migrants à la recherche des solutions ; elles sont ciblées ; et elles sont mises en œuvre en partenariat avec des acteurs qui se trouvent pour la plupart dans le pays.

Défis communs et enseignements tirés

Défis communs

Enseignements tirés

Défis communs

La barrière de la langue entre différentes communautés isolées et les prestataires de services/volontaires et l’analphabétisme de certains bénéficiaires font qu’il est plus difficile de répondre efficacement aux besoins.

Enseignements tirés

Recruter du personnel ou des volontaires (y compris des migrants) qui disposent des compétences culturelles et linguistiques nécessaires pour interagir avec les migrants.

Défis communs

Certains peuvent avoir l’impression que la Société nationale aide plus les migrants que les membres vulnérables des communautés locales, ce qui peut engendrer de l’hostilité à l’égard des migrants.

Enseignements tirés

Pas d’enseignement tiré dans le cadre de l’étude.

Défis communs

Certains peuvent avoir l’impression que la Société nationale aide plus les migrants que les membres vulnérables des communautés locales, ce qui peut engendrer de l’hostilité à l’égard des migrants.

Enseignements tirés

Veiller à ce que les informations communiquées (notamment par les médias) soient conformes aux Principes fondamentaux, en particulier pour éviter toute perception de parti pris.

Associer la communauté locale aux services afin de favoriser autant que possible l’intégration.

Défis communs

Il peut être difficile de recruter, motiver, former et fidéliser suffisamment de volontaires pour mettre en œuvre un programme.

Enseignements tirés

Contacter les collèges et universités pour encourager les étudiants à faire du volontariat dans le cadre de leur cursus et faire connaître largement les possibilités de volontariat au sein des municipalités afin d’élargir et de diversifier la base de volontaires.

Défis communs

Les services (par exemple les cartes prépayées) peuvent faire office de facteur d’attraction s’ils n’existent que dans une partie du pays.

Enseignements tirés

Mettre en place un mécanisme clair pour le passage à l’échelle des programmes au niveau du pays afin de limiter l’effet d’attraction.

Défis communs

Les services doivent être adaptés aux circonstances des migrants et aux dynamiques au sein de leurs communautés.

Enseignements tirés

Collaborer avec des prestataires disposés à adapter leurs services pour prendre en charge la communauté de migrants et répondre à ses besoins et dynamiques.

Défis communs

Il est souvent difficile de trouver de nombreux employeurs disposés à faire travailler des migrants du fait de la stigmatisation, des connaissances linguistiques insuffisantes des migrants, de leur manque de diplômes adéquats/reconnus, etc.

Enseignements tirés

Associer les parties prenantes des entreprises pouvant potentiellement employer des migrants à la mise en œuvre du programme (par exemple pour dispenser les formations) peut favoriser la participation et l’engagement à long terme des entreprises et des employés.

Le rôle de liaison avec l’employeur est déterminant pour créer des possibilités d’emploi. Une personne disposant d’un solide réseau et d’une grande capacité de persuasion devrait assurer cette fonction.

Défis communs

Une demande de soutien accrue liée à une arrivée massive de migrants peut mettre à rude épreuve le personnel, les équipements, etc. Il est difficile de renforcer en permanence les capacités du personnel, d’avoir des équipements toujours à jour, etc.

Enseignements tirés

Il est très important de disposer de procédures opérationnelles normalisées, de former le personnel, de se préparer aux urgences et d’assurer une bonne coordination entre les différents départements internes et une bonne collaboration avec les partenaires externes.

Défis communs

Il est difficile d’assurer le financement durable des activités.

Enseignements tirés

Diversifier les sources de financement est important pour assurer la durabilité.