Interventions en faveur des migrants à l’étape des premières démarches dans le pays d’origine

Aux fins du présent rapport, cette première étape englobe les démarches préparatoires effectuées par des personnes en vue de migrer à l’étranger. Elle ne concerne pas les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays. Cette section donne une vue d’ensemble des besoins des migrants dans leur pays d’origine.

Messages clés de la section

BESOINS DES MIGRANTS

  • Lorsqu’une personne a pris la décision de migrer, ses principaux besoins en soutien externe touchent à la sécurité réglementaire et à l’accès à des informations fiables. Ses autres besoins sont aussi importants, mais de deux choses l’une, soit ces besoins sont des moteurs de la migration qui devraient être visés par des initiatives destinées aux populations vulnérables de la communauté, soit ils sont couverts par les interventions en faveur des déplacés internes. Par conséquent, aux fins du rapport, il n’a pas été tenu compte de ces autres besoins à cette étape de la migration.

PRATIQUES INTELLIGENTES

  • Les pratiques intelligentes qui ont été recensées ciblent les besoins en matière de réglementation et de gouvernance, ainsi que les besoins liés au capital humain des migrants volontaires. Dans le cadre de l’étude, aucune initiative visant à fournir des informations pertinentes aux migrants forcés dans leur pays d’origine n’a été recensée.
  • Les pratiques intelligentes présentées dans le rapport partagent quelques caractéristiques communes, à savoir qu’elles visent à fournir des solutions à long terme et à associer les migrants à ces solutions, qu’il s’agit d’initiatives mettant l’accent sur une forme de soutien spécifique et qu’elles donnent lieu à une collaboration avec des acteurs principalement locaux.
  • Pour répondre aux besoins des migrants dans le pays d’origine, les acteurs rencontrent quelques difficultés, notamment : trouver et soutenir les migrants lorsqu’ils quittent le pays d’origine ; s’assurer qu’ils aient connaissance du soutien mis à leur disposition le cas échéant ; déterminer si les migrants reçoivent les informations pertinentes nécessaires grâce à ce soutien ; choisir les partenaires avec lesquels collaborer ; décider de mener ou non des activités de plaidoyer. Parmi les enseignements tirés, il faut citer les suivants : il faut établir des liens solides avec les communautés qui comptent de nombreux candidats au départ afin de mieux les aider ; il est essentiel de suivre étroitement la qualité de la formation et des informations fournies aux migrants sur le départ ; il est important de prendre en compte la contribution de la société civile ; un soutien minimal de la part de la Fédération internationale ou d’une Société nationale sœur peut suffire à inciter une Société nationale à mener des activités fructueuses de plaidoyer en lien avec la migration.

Lorsqu’une personne décide de migrer, ses principaux besoins touchent à la sécurité réglementaire et à l’information.

Lorsqu’une personne a pris la décision de migrer, ses principaux besoins en soutien externe touchent à la sécurité réglementaire et à l’accès à des informations fiables. Ses autres besoins sont aussi importants, mais de deux choses l’une, soit ces besoins sont des moteurs de la migration (insuffisance de revenus, du capital social, du capital physique ou du capital naturel, par exemple) qui devraient être visés par des initiatives destinées aux populations vulnérables de la communauté, soit ils sont couverts par les interventions en faveur des déplacés internes (fourniture d’un logement, de vivres, etc. à la suite d’une catastrophe naturelle ou d’un conflit, par exemple). Il n’a par conséquent pas été tenu compte de ces autres besoins et des interventions connexes dans le cadre du rapport.

Réglementation/gouvernance : S’il est vrai que l’absence de sécurité réglementaire peut constituer un moteur de migration (par exemple pour les populations apatrides), il n’en reste pas moins que les migrants doivent bénéficier de garanties réglementaires pour pouvoir quitter le pays en toute légalité sans risquer de se faire arrêter. Ils doivent aussi disposer des papiers adéquats pour pouvoir par la suite s’intégrer dans le pays de destination.

Capital financier : Un capital financier insuffisant est souvent un moteur de migration et devrait être pris en compte dans les initiatives en faveur des populations vulnérables. Lorsqu’une personne a pris la décision de migrer, elle a besoin d’argent pour pouvoir subvenir à autant de ses besoins que possible. Dans bien des cas, elle dépendra de ses économies ou de prêts de membres de sa famille ou d’autres personnes. Les activités visant à permettre aux migrants de mettre plus d’argent de côté (par exemple, les activités génératrices de revenus) avant leur départ comptent parmi les initiatives en faveur des populations vulnérables et n’entrent donc pas dans le champ du rapport.

Capital physique : Un capital physique insuffisant (résultant par exemple d’une catastrophe naturelle ou d’un conflit) est un moteur courant de migration et devrait être abordé dans le cadre d’initiatives en faveur des populations vulnérables. Lorsqu’une personne a pris la décision de migrer, elle peut avoir besoin d’un soutien physique pendant qu’elle voyage dans le pays. À cette étape cependant, elle n’est pas encore considérée comme un migrant et devrait donc être couverte par les interventions destinées aux déplacés internes. Les initiatives destinées à soutenir le capital physique à cette étape ne sont ainsi pas prises en compte dans le présent rapport.

Capital humain : Un capital humain insuffisant (éducation et compétences) est souvent la cause d’un capital financier insuffisant, qui est lui-même un moteur de migration. Un soutien externe peut être apporté à cette étape pour favoriser l’accès aux compétences et aux informations adéquates en vue du parcours migratoire.

  • Les compétences spécifiques nécessaires au voyage comprennent les compétences linguistiques ou les compétences de base nécessaires à l’exécution du travail que le migrant pourrait trouver à l’arrivée (compétences informatiques, par exemple). L’acquisition de ces compétences une fois la décision de migrer prise est un besoin auquel seuls les migrants volontaires ont le temps de répondre.
  • Les informations spécifiques nécessaires aux migrants comprennent des informations pratiques sur les destinations possibles, les routes migratoires et la façon de se prémunir des dangers pendant le voyage, ainsi que des informations sur les droits dont ils jouissent (ou ne jouissent pas) pendant le parcours et sur le lieu de destination. L’accès à des informations fiables peut amener une personne à renoncer à migrer, à migrer par des routes différentes, à migrer par d’autres moyens ou à migrer à destination d’un autre pays, etc.

Capital social : Un capital social insuffisant (perte de membres de la famille à cause d’une catastrophe naturelle ou d’un conflit, non-acceptation de la personne par la communauté) peut constituer un moteur de migration. Dans la mesure du possible, ce facteur devrait être abordé dans le cadre d’initiatives à l’intention des populations vulnérables, ou dans le cadre d’activités à l’intention des déplacés internes (recherche de personnes disparues à la suite d’une catastrophe naturelle ou d’un conflit, par exemple). Même si un capital social insuffisant n’est pas le facteur qui a motivé la migration, les migrants devront tout de même rester en contact avec leurs proches, mais cela ne constitue pas encore un besoin à cette étape. Par conséquent, les initiatives consacrées au capital social à cette étape n’entrent pas dans le champ du rapport.

Capital naturel : Un capital naturel insuffisant (biodiversité insuffisante, mauvaise qualité de l’air, de l’eau, de la terre et des forêts) peut aussi constituer un moteur de migration qui devrait être ciblé par des activités en faveur des populations vulnérables. Les initiatives consacrées au capital naturel à cette étape ne sont donc pas non plus prises en compte dans le rapport.

.

Exemples de besoins sur le plan du capital humain (informations)

MIGRANTS HONDURIENS, HONDURAS

Dans la mesure du possible, les migrants accèdent aux informations dont ils ont besoin par l’intermédiaire d’amis ou de parents ayant vécu une expérience similaire. Des migrants honduriens de retour au Honduras ont expliqué qu’ils avaient reçu des informations sur leurs droits, mais pas toutes les informations nécessaires. Ils ont dit avoir su qu’ils violaient la loi et que, en cas d’arrestation, ils pourraient être emprisonnés aux États-Unis pendant trois à sept mois avant d’être expulsés. « Nous connaissons les risques, mais nous les acceptons et nous nous disons que rien ne nous arrivera. Nous savons aussi que sur dix migrants, un seul atteint son but. » Les migrants obtiennent la plupart de ces informations de première main auprès de personnes ayant déjà migré (et étant de retour au Honduras).

MIGRANTS MONGOLS, SUÈDE

Des migrants font parfois appel à des passeurs pour les emmener quelque part. En Suède, plusieurs migrants mongols ont expliqué qu’ils ne savaient pas où ils se rendaient ; ils ont payé le passeur et se sont retrouvés en Suède.

D’autres utilisent Internet comme source d’information. Des migrants qui avaient choisi spécifiquement la Suède ont expliqué avoir appris sur Internet que ce pays constituait une bonne destination.

MIGRANTS SYRIENS, LIBAN

Dans la mesure du possible, les migrants accèdent aux informations dont ils ont besoin par l’intermédiaire d’amis ou de parents ayant vécu une expérience similaire. Les membres d’une communauté de migrants syriens vivant dans un camp au Liban ont expliqué que le Liban s’était imposé de lui-même lorsqu’ils avaient décidé de partir. Ils appartenaient tous à la même communauté en Syrie, et certains de leurs aînés avaient vécu au Liban auparavant. De plus, un homme de leur village vivait au Liban depuis plus de vingt ans et avait trouvé un terrain qu’ils pourraient louer pour y installer des tentes. Grâce à leurs contacts, ils savaient à quoi s’attendre à leur arrivée au Liban.

MIGRANTS ÉTHIOPIENS, KENYA

Des informations incomplètes sur leurs droits dans le pays de destination génèrent chez les migrants une perception erronée de ce à quoi ils peuvent s’attendre dans le pays de destination. Au Kenya, des migrants éthiopiens ont dit être venus à Nairobi pensant que c’était un endroit sûr. Une fois arrivés, ils ont cependant compris qu’ils pouvaient être renvoyés en Éthiopie.

La plupart des pratiques intelligentes qui ont été recensées ciblent les besoins sur le plan du capital humain (informations et compétences)

Les interventions recensées dans les pays d’origine visent à répondre aux besoins des migrants volontaires. Le tableau ci-dessous en fournit quelques exemples, qui sont présentés plus en détail dans les pages qui suivent. Nous n’avons pas trouvé d’initiatives dans les pays d’origine visant à fournir des informations pertinentes aux migrants forcés.

2 Il s’agit d’un document évolutif ; la Fédération internationale continuera de recenser et de diffuser les pratiques intelligentes à mesure que les Sociétés nationales et leurs partenaires mettront à l’essai, exécuteront et passeront à l’échelle de nouvelles initiatives.

Caractéristiques communes des pratiques intelligentes

Les pratiques intelligentes recensées dans les pays d’origine partagent quelques caractéristiques : elles visent essentiellement à fournir des solutions à long terme aux migrants ; ce sont des initiatives stables et constantes ; elles associent les migrants à la recherche de solutions ; ce sont pour la plupart des initiatives ciblées qui mettent l’accent sur les besoins des migrants ; elles sont mises en œuvre avec des acteurs présents dans le pays.

Défis communs et enseignements tirés

Défis communs

Enseignements tirés

Défis communs

Trouver et soutenir les migrants lorsqu’ils quittent leur pays d’origine. Lorsqu’une personne décide de migrer, il est rare qu’elle le clame haut et fort ou en informe qui que ce soit. La Croix-Rouge et le Croissant-Rouge n’interagissent souvent avec les migrants qu’à la frontière ou dans le nouveau pays. À ce stade, les migrants auront déjà été exposés au risque d’être victimes de traite ou pourront avoir déjà pris des décisions préjudiciables par manque d’information.

Enseignements tirés

Il faut établir des liens solides avec les communautés qui comptent de nombreux candidats au départ afin de mieux les aider. En apportant d’autres formes de soutien aux communautés dans lesquelles les moteurs de migration sont puissants, on favorise une coopération étroite et une meilleure connaissance par les migrants potentiels des services offerts.

Les changements de comportement prenant du temps, des programmes de sensibilisation à long terme devraient être prévus.

Défis communs

Le choix des partenaires de travail suscite quelques préoccupations. Par exemple, les prestataires de services du secteur privé peuvent avoir des conflits d’intérêts.

Enseignements tirés

Il est important d’inclure la société civile. Des partenaires supplémentaires peuvent apporter une contribution précieuse en ajoutant une perspective complémentaire, et constituent une source d’informations ou de services.

Défis communs

Certaines Sociétés nationales sont lasses de mener des activités de plaidoyer. Elles peuvent ne pas disposer des capacités humaines et techniques nécessaires pour le faire et ne pas savoir comment engager un dialogue constructif avec le gouvernement (sans être perçues comme étant en conflit ouvert avec lui).

Enseignements tirés

Un soutien minimal de la part de la Fédération internationale ou d’une Société nationale sœur peut parfois inciter une Société nationale à mener des activités de plaidoyer en lien avec la migration. Il peut s’agir de lui donner « l’autorisation » de plaider la cause des migrants afin qu’elle se sente habilitée à mener des activités de plaidoyer, de renforcer ses capacités techniques ou de discuter avec elle de la manière dont elle pourrait mener des activités constructives de plaidoyer.

Pour ce faire, un contexte politique favorable est nécessaire.